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C'est quoi un service écosystémique?

par: Valérie Saucier

révisé par: Marie-Audrey Nadeau Fortin et Patricia Bolduc

«La machine devrait être au service de ceux qu'elle aide, non au service des financiers qui s'en rendent propriétaires. Le compte à rebours a-t-il commencé ? » - Albert Jacquard

Un service écosystémique est défini par des processus ou des propriétés biologiques qui apportent des bénéfices directement ou indirectement aux populations humaines. Ces services peuvent être prodigués par un amalgame de 2 ou plusieurs écosystèmes. De la même façon, dans certains cas, un écosystème peut contribuer à 2 ou plusieurs services écosystémiques.

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Le concept de services écosystémiques a été développé comme un outil qui intègre les perspectives sociales, économiques et écologiques et pour supporter les décisions de développement. D’ailleurs certains groupes comme TEEB (The Economics of Ecosystems and Biodiversity) se sont donné comme mission de porter l’attention des décideurs sur les bénéfices économiques incluant l’augmentation des coûts liés à la perte de biodiversité et à la dégradation des écosystèmes.

Les services écosystémiques sont divisés en 17 types qui peuvent être regroupés en 4 catégories (A à D) qui n’incluent seulement que ceux qui sont renouvelables (donc, excluant les énergies fossiles et les minéraux).

A. Services d’approvisionnement

1. Approvisionnement en eau : Les réservoirs et les étendues d’eau temporaires ou permanentes permettent le stockage et la rétention de l’eau, en plus d’assurer une eau potable. À New York, par exemple, l'eau de la ville est la meilleure eau potable au monde, sans que celle-ci soit filtrée. Cela est possible notamment à cause des investissements que la ville a fait pour conserver le capital naturel de l'endroit où elle puise l'eau. Pour en savoir plus, regarder ici (les deux vidéos sous la photo).

2. Production de nourriture : De tout temps l’humain a utilisé son environnement pour se nourrir. Les poissons, les fruits et toute autre production primaire qui est extraite comme nourriture fait partie de ce service écosystémique.

3. Matériau brut : Les écosystèmes forestiers nous fournissent en matériau brut comme le

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bois. D’ailleurs une gestion écosystémique est en place au Québec pour favoriser une gestion durable de la ressource, permettant de garder ce service d’approvisionnement en matériel brut. (photo de Ludovic Péron)

4. Sources génétiques : Les gènes de plantes qui sont résistantes au pathogènes (maladies ou parasites) sont utilisée en médecine ou en agriculture. De la même façon, les gènes d’espèces ornementales comme les plantes d’horticultures sont issus d’espèces sauvages qui ont été croisés avec d’autres pour en arriver aux espèces qu’on utilise aujourd’hui.

B. Services de régulation

5. Régulation des gaz : Certains écosystèmes assurent une régulation de la composition des gaz atmosphériques ce qui permet, par exemple, de conserver un équilibre de concentration en CO2 et en oxygène dans l’atmosphère, comme le fait la forêt amazonienne. Aussi, ce service permet de régulariser la concentration en ozone (O3) qui peuvent nuire à notre protection contre les rayons UVB.

6. Régulation du climat : Les océans, par exemple, contribuent à régulariser le climat en participant aux processus de régulation des températures globales, des précipitations, etc. (ex : El Niῆo). La régulation du climat se fait également par la régulation des gaz à effets de serre (GES).

7. Régulation des perturbations : La végétation présente dans les écosystèmes permet de tamponner l’effet des fluctuations environnementales. Par exemple, les arbres peuvent offrir une rapide récupération suite à une sécheresse, ou encore un meilleur contrôle des inondations. Haïti est l’un des cas où ce service écosystémique a été perdu; la portion haïtienne de l’île est souvent victime d’inondations et de sécheresse car la grande majorité des arbres y ont été coupés.

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8. Régulation de l’eau : La régulation du débit de l’eau permet par exemple d’irriguer les champs agricoles et a permis la transportation des billots de bois sur les rivières à l’époque des bûcherons et de la «pitoune».

9. La rétention des sédiments et le contrôle de l’érosion : La végétation peut prévenir la perte de sols par le vent, le lessivage des sédiments, etc. Par exemple, en agriculture, la rétention de la couche de surface qui est la plus productive, permet de garder un bon rendement et assure une production moins coûteuse, car moins de fertilisants sont nécessaires.

10. Traitement des déchets : Il existe des écosystèmes qui résistent à la pollution et peuvent même aller jusqu’à se détoxifier en retirant l’excès des nutriments et composés toxiques. Par contre, il existe un seuil limite et cette capacité peut être perdue si le seuil a été atteint. Les tourbières en sont un bon exemple.

11. Pollinisation : La présence d’insectes pollinisateurs est essentielle aux cultures fruitières, maraîchères, oléagineuses (ex : tournesol, sarrasin) et protéagineuses (ex : pois, fèves). Les images ci-dessous représentent bien l'ampleur de ce service.

12. Contrôle biologique : Par les chaînes trophiques (carnivores-herbivores-plantes; voir aussi prochain billet), il y a une régularisation des populations. Un exemple connu serait celui de l’île Anticosti où la chaîne trophique a été brisée. Le cerf de Virginie ayant été introduit et n’ayant pas de prédateur, il a considérablement dégradé son habitat et donc les plantes disponibles à son alimentation.

C. Services d’habitat ou de support

13. Formation des sols : L’altération des roches et l’accumulation de matériel organique permettent la formation des sols.

14. Cycle des nutriments : Les écosystèmes peuvent fixer l’azote et utiliser d’autres nutriments pour les traiter et permettre aux plantes de les utiliser pour croître.

15. Refuge : Certains habitats bien spéciaux représentent des refuges pour des animaux. Des exemples d’actualité seraient le littoral de Cacouna qui constitue une pouponnière pour les bélugas ou encore les aires de mise bas du caribou migrateur qui demeurent sensiblement les mêmes années après années.

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D. Services culturels

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16. Récréation : Les écosystèmes nous offrent de nombreuses opportunités pour l’écotourisme, la pêche, la randonnée, la chasse, etc.

17. Culturel : Pour en revenir au billet sur la préservation de la faune et des ses habitats, la nature, c’est beau. Elle fait partie de notre culture, mais elle permet aussi un développement artistique, éducatif et scientifique.

Pour évaluer la valeur de ces services écosystémiques, les biologistes et écologistes tentent de leur attribuer un prix ou une valeur économique. En 1997, ces services écosystémiques au niveau mondial étaient estimés en moyenne à 33 trillions (1012)$US par année. Les estimés de 2011 démontrent une perte de services écosystémiques s’évaluant à presque 20.2 trillion $US par année. Il est cependant important de prendre conscience que la valeur monétaire attribuée aux services écosystémiques ne doit pas être perçue comme un produit qui peut être utilisé dans les marchés privés. Ces valeurs monétaires représentent plutôt une estimation des bénéfices que les services écosystémiques rendent à la société. Ces valeurs sont également utilisées comme un outil de communication que tous peuvent comprendre. Il s’agit plus spécifiquement d’un moyen de conscientiser et informer les décideurs politiques sur les répercussions de projets qui pourraient endommager nos écosystèmes et réduire nos services écosystémiques.

Basé sur Costanza et al. 1997. The value of the world’s ecosystem services and natural capital. et Costanza et al. 2014. Changes in the global value of ecosystem services

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