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Qu'est-ce qu'il y a de bon au menu aujourd'hui? Mieux comprendre le régime alimentaire d

« Dis moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es »

- Anthelme Brillat-Savarin



Par un beau dimanche en fin de journée vous vous promenez dans la forêt et vous voyez un cerf et un hibou. Chanceux pareil, la dernière fois que je suis allé en forêt je n’ai vu aucun animal. Vous en savez assez sur la biologie de ces 2 espèces, ne serait-ce que par les reportages animaliers à la télé, pour savoir que le cerf mange des végétaux et que le hibou se nourrit de petits rongeurs. Mais vous êtes-vous déjà demandé comment les biologistes arrivaient à déterminer la composition du régime alimentaire d’une espèce?


Déterminer qui mange qui et qui mange quoi est un défi de taille. A priori ça peut sembler simple, mais voilà pourquoi ça ne l’est pas : Il est très difficile d’observer directement l’alimentation d’un animal en nature. Imaginez-vous suivre un ours et notez tout ce qu’il mange, 24 heures/24, 7 jours/7, 6 mois/année…encore chanceux que les ours hibernent ça vous donnerait un répit pendant l’hiver. Pour remédier à ce problème, les biologistes ont recours à différentes méthodes indirectes pour reconstruire le régime alimentaire d’une espèce. En voici quelques-unes parmi les plus fréquemment utilisées.



1-Les macro-restes dans les fèces : Ben oui, ça implique de ramasser des crottes et d’y identifier ce qui a été consommé par l’animal via les restes non-digérés par exemple des graines de baies, des poils ou de petits os. Pas très ragoutant? Pourtant c’est la méthode la plus couramment utilisée puisqu’elle n’implique pas de capturer les animaux et c’est facile de trouver des échantillons. De nombreuses clés d’identification ont été développées au fil du temps et rendent l’identification des restes plus facile.


2-Les boulettes de régurgitation : Les boulettes ou pelotes de régurgitation sont des petites boules rejetées par la bouche chez certaines espèces d’oiseaux, notamment la chouette effraie et le hibou grand-duc, qui contiennent des éléments durs et non-digérés. De la même manière que les macro-restes dans les fèces, il est possible d’utiliser des items comme des poils et des petits os présents dans ces boulettes pour reconstituer l’alimentation des animaux qui les produisent.



3-Les signes indirects : Chez les carnivores cela peut consister en l’observation de carcasses de proies laissées dans l’environnement. Chez les herbivores, on peut identifier les espèces de plantes portant des signes de consommation. Par exemple, les tiges d’arbres consommées par les orignaux sont coupées d’une manière distincte ce qui permet de savoir quelles plantes font partie de l’alimentation de l’orignal simplement en observant des signes indirects de leur passage. Il faut avoir un œil avisé, mais avec de la pratique on devient rapidement doué à associer différents signes avec différentes espèces animales.



4-Les isotopes stables : Cette approche est basée sur un principe simple : on est ce que l’on mange. En utilisant la concentration d’éléments comme le carbone ou l’azote dans les tissus d’un prédateur les chercheurs sont à même de reconstituer l’alimentation de l’animal en laboratoire en déterminant de quelles espèces de proies proviennent ces éléments. Plutôt cool, mais assez complexe comme approche.


C’est beau tout ça, mais à quoi ça sert?


Bien comprendre et visualiser les interactions trophiques (Voir le précédent billet « Une chaine trophique : ça mange quoi en hiver? ») est utile dans plusieurs contextes, notamment lorsque vient le temps de suggérer des avenues de gestion de la faune pour assurer un stock adéquat de proies pour les prédateurs ou encore de déterminer quel impact aurait la perte d’une espèce sur la survie des espèces qui l’utilise comme ressource alimentaire ? Dans tous les cas, définir les habitudes alimentaires d’un animal est souvent la première étape d’un projet de recherche. Pourquoi? Et bien disons simplement que ça évite des mauvaises surprises, imaginez-vous développer un projet de protection d’une espèce en voie de disparition sans savoir quels sont ses prédateurs naturels…


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