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La restauration écologique

Par: Valérie Saucier

Révisé par: Patricia Bolduc et Marie-Audrey Nadeau Fortin

«Responsabilité ou pas, cependant, les choses en sont là. Et s'il [semblerait] vain de songer à une restauration […], il serait tragique, j'en suis tout aussi convaincu, d'accepter sans réagir l'actuelle confusion.» - Bernard-Henri Levy dans le Prologue de Éloge des intellectuels

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Les perturbations

Une perturbation écologique implique un changement important dans la composition des organismes vivants, à une échelle plus courte que ce que permet la formation ou le remplacement des organismes de départ. Les perturbations peuvent être naturelles ou anthropiques (causées par l’humain).

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Les perturbations naturelles sont, par exemple, les feux de forêt, les épidémies d’insectes ravageurs (tordeuse des bourgeons de l’épinette) ou encore les chablis (ouverture de la canopée suite à la chute d’un ou plusieurs arbres par le vent). Ces perturbations sont souvent gage de nouvelles opportunités pour les espèces colonisatrices ou pour celles, comme le pin gris, qui ont besoin des feux pour que leurs graines puissent germer.

Les perturbations anthropiques sont celles qui ont généralement un impact négatif sur la biodiversité. Je pense que vous en connaissez déjà des exemples.

Suite à des perturbations importantes comme l’installation d’une mine

Asbestos www_cbc_ca.jpg

et le rejet de ses résidus ou encore la coupe de bois intensive, l’écosystème est tellement dégradé qu’il perd en grande partie sa capacité à se restaurer. Un exemple serait la mine d’Asbestos qui a laissé des montagnes de résidus près du site. Un retour à l’état «naturel» d’un site minier est très long à cause de l’érosion du sol, le faible rendement et la toxicité de métaux lourds du sol qui reste. La restauration d’un site quand l’agent perturbateur est toujours présent est peu probable. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, on aperçoit des montagnes de résidus miniers en marge du site Asbestos qui sont toujours dénuées de végétation. Quelle serait donc la solution?

La restauration écologique

La restauration écologique est une pratique qui consiste à restaurer les espèces et l’écosystème qui occupaient un site. À la base, la restauration écologique avait des implications pour la restauration de fonctions écologiques comme la création de milieux humides pour éviter les inondations ou la gestion des bovins sur des terrains fortement broutés. Ces restaurations n’ont souvent produits que des écosystèmes simplifiés qui ne pouvaient se maintenir dans le temps. De façon pratique, la restauration écologique doit considérer le temps de la restauration, le coût, la fiabilité des résultats et l’habileté de l’écosystème restauré à perdurer dans le temps. Plus précisément, la restauration écologique comporte trois composantes qui sont :

  • Le rétablissement de la structure végétale, topographique, biologique. Donc, on veut rétablir ou favoriser le rétablissement des plantes, du relief et des animaux qui vivaient dans l’écosystème avant la perturbation.

  • La réactivation des processus écologiques. Ce sont les processus qui caractérisent l’écosystème et qui peuvent servir comme service écosystémique. La réactivation de ces processus favorise la viabilité à long terme de l’écosystème.

  • L’intégration dans le paysage environnant. Si la restauration est efficace, il ne devrait pas être possible de reconnaître le «paysage restauré» à court-moyen terme.

Pour réussir l’intégration de la restauration écologique dans le

Domaine bioclimatique atlascnca_ggr_ulaval_ca.gif

paysage environnant, il faut d’abord déterminer l’écosystème de référence. Il existe une grande diversité d’écosystèmes de références comme le démontre les cartes de domaines bioclimatiques. Cela peut sembler simple, pourtant, les écosystèmes tels que nous les connaissons aujourd’hui sont en mutation à cause notamment des changements climatiques.

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Par exemple, dans l’Arctique, les écosystèmes changent à cause de l’augmentation du couvert des arbustes et la fonte du pergélisol. Ces changements changent les communautés végétales, le relief, les propriétés du sol et le fourrage disponible aux herbivores, pour ne nommer que ceux-là. À ce moment, quel écosystème de référence est-il préférable de choisir? L’écosystème tel qu’on l’a connu depuis les 50 dernières années, ou l’écosystème que nous devrions retrouver dans les 5 prochaines années à cause des changements observés? La question mérite réflexion. Une chose demeure, c’est qu’il est important d’assurer un suivi de l’écosystème restauré, pour optimiser son intégration dans le paysage.

Approches de restauration écologique

Afin de restaurer un site, plusieurs approches peuvent être utilisées, selon la vision et l’écosystème en cause. En voici des exemples.

  • Aucune action : Des efforts de restauration antérieurs n’ont pas été fructueux ou l’écosystème a démontré une capacité à se restaurer par lui-même. Ces restaurations passives ont lieu, par exemple, quand un champ agricole redevient une forêt.

  • Remplacement : Des espèces de l’écosystème dégradé sont remplacées par des espèces ayant une valeur plus importante au niveau de la conservation. Dans le cas de la construction d’un réservoir, de canaux ou d’un site industriel, ces environnements sont souvent dominés par des espèces invasives, ce qui rend le site beaucoup moins esthétique et diminue sa valeur de conservation. Donc, on favoriserait le retrait des espèces invasives et la réintroduction d’espèces natives. Les espèces natives auraient donc une chance d’exclure les espèces invasives de façon permanente.

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Par exemple, le retrait massif de meunier noir (Catostomus commersoni) est fait dans des lacs comme le lac Claudette au Saguenay ou le lac des Îles dans la ZEC des Nymphes à Lanaudière afin de diminuer la compétition avec la truite mouchetée (Salvelinus

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fontinalis), qui est originellement présente dans ces lacs. Des efforts de réensemencement de la truite mouchetée peuvent venir compléter l’effort pour restaurer l’écosystème aquatique.

  • Restauration partielle : Une partie des fonctions de l’écosystème et de ses espèces dominantes sont restaurées. Par exemple, dans un écosystème où des espèces colonisant les dunes de sables auraient été perturbées par le piétinement, la plantation de ces espèces permettrait de limiter l’érosion.

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Dunes IdlM www_tourismeilesdelamadeleine_com.jpg

  • Restauration complète: Le site est restauré selon l’écosystème de

référence. Par exemple, le retrait de chemins forestiers et leurs reprofilages pour enrayer les effets des routes dans la forêt boréale. Les travaux correspondent par exemple à retirer les ponceaux, reconstruire la ligne de terrain originale, installer des structures stabilisantes et revégétaliser le site.

Dans le cas où un site est complètement détruit et continue d’être utilisé, il existe la restauration dans un contexte d’atténuation compensatoire. L’atténuation compensatoire est un nouveau site qui est créé ou restauré en substitution à un site qui a été détruit par le développement.

Au final, la meilleure stratégie demeure la protection et la conservation des sites non-perturbés actuels. Ce sont seulement dans ces écosystèmes que les exigences à la survie à long-terme des espèces et de l’écosystème sont assurées.

Basé sur :

Boudreau, Stéphane. 2014. Les défis inhérents à la restauration écologique des sites perturbés en milieu nordique. 39e Congrès annuel de l’Association des biologistes du Québec. Québec, QC, Canada.

Primack, R. B. 2008. Chapter 8 : Conservation outside protected areas dans A Primer of Conservation Biology. 4e édition. p. 253 – 264

Switalski, TA., JA Bissonette, TH DeLUca, CH Luce, et MA Madej. 2004. Benefits and impacts of road removal. The Ecological Society of America. p. 21-28

Images:

Pinus banksiana: commons.wikipedia.org

Mine Asbestos: www.cbc.ca

Carte domaine bioclimatiques: atlascnca.ggr.ulaval.ca

Érosion due à la fonte du pergélisol aux côtes de la mer de Beaufort: eoedu.belspo.be

Catostomus commersoni: www.flickr.com

Salvelinus fontinalis: aragec.com

Lutte à l'érosion des dunes: herlinmag.over-blog.com et www.tourismeilesdelamadeleine.com

Chemin forestier: http://www.sepaq.com/parcs-quebec/blogue/article.dot?id=7f4962ac-bc14-46e3-9de8-0272a3fec9aa

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