Hiverner ou hiberner?
Par: Valérie Saucier
Révisé par: Patricia Bolduc et Marie-Audrey Nadeau Fortin
«Que ne puis-je dormir tout le temps de l’hiver!
En sa longue veillée je me morfonds de rage
À voir que sa puissance est si vaste et plénière.
Mais il faudra, par Dieu, qu’il cède place à Mai!
Je me cueillerai des fleurs là même où gît le givre. »
- Walther von der Vogelweide, Nostalgie du printemps.
L’hiver. J’en connais beaucoup qui aimerait bien s’en sauver! Certains vont faire une migration dans le Sud, alors que d’autres vont préférer dormir jusqu’au printemps. Alors quel terme doit-on utiliser pour nos dormeurs hivernaux? Est-ce qu’ils hivernent ou ils hibernent?
Les verbes hiverner et hiberner proviennent tous les deux du latin hibernare. Le verbe hiverner est le résultat de l’évolution régulière de l’origine latine, alors que hiberner a été créé plus tardivement, au 19e siècle.
Hiverner veut dire : «passer l’hiver à l’abri, dans un lieu quelconque.» Hiverner était à la base utilisé pour les navires qui étaient en mer à l’arrivée de l’hiver et qui devaient trouver un lieu protégé en attendant le printemps. Il y a d’ailleurs un parc à Québec, dans le quartier de Limoilou, qui commémore un lieu protégé que Jacques Cartier a choisi lors de son 2e voyage au Canada : Le parc de l’Anse-à-Cartier.
Hiverner peut aussi être utilisé pour les animaux qui vont se réfugier dans un lieu tempéré, sans être en hibernation (on y arrive pour l’hibernation!). Par exemple, les oiseaux que l’on peut observer l’hiver, comme le cardinal rouge (Cardinalis cardinalis), les roselins (Haemorhous purpureus), le chardonneret jaune (Spinus tristis) ou encore la mésange à tête noire (Poecile atricapillus) hivernent au Québec. Ils se trouvent un abri et sortent de temps en temps pour trouver de la nourriture.
Hiberner fait référence aux animaux qui vont passer l’hiver dans un état d’engourdissement ou de sommeil. Leur température corporelle sera abaissée à un niveau inférieur à leur température corporelle qu’ils ont à leur état normal. Aussi, ils vont abaisser leur rythme respiratoire et ralentir leur métabolisme. Dans un précédent billet, nous avons parlé de certaines espèces de chauve-souris qui hibernent au Québec. D’autres animaux utilisent aussi cette stratégie comme l’ours noir (Ursus americanus), les grenouilles et la marmotte (Marmota monax).
L’hibernation comporte de courtes périodes de réveil. La température du corps de l’animal augmente et il va en profiter pour manger ses réserves de nourriture et faire ses besoins. Par contre, ces périodes de réveil sont très énergivores. Si ces réveils sont trop fréquents, l’animal peut mourir d’épuisement. La sortie de l’hibernation est généralement déclenchée par l’augmentation de température et / ou la duré d’ensoleillement.
Pour vous rappeler de la différence, je vous propose 2-3 petits trucs.
1) Hiberner. Il y a un b. b pour barré. L’animal s’embarre durant l’hiver pour dormir.
Ou si vous voulez faire plus simple. b c’est l’inverse de d pour dormir.
2) Hiverner. Il y a le mot hiver et nez. L’hiver, les nez sont froids quand on va dehors. On se met à l’abri pour les réchauffer. Donc, ce sont des animaux qui vont dehors, mais qui ont un abri pour se réchauffer.
Reste que le meilleur moyen d’aimer l’hiver c’est d’en profiter, que ce soit de faire de la raquette, du ski, de la planche à neige, du hockey, du patin, de la pêche blanche… d’aller jouer dehors! Vous profiterez encore plus de votre café ou chocolat chaud au retour !
Adapté de:
Office québécois de la langue française. 2002. Hiberner et hiverner. Disponible en ligne ici.
Ville de Québec. 2014. Fiche du toponyme du parc de l’Anse-à-Cartier. Disponible en ligne ici
Nature-Action Québec. 2011. Les oiseaux en hiver. Disponible en ligne ici
Images
Dormeurs hivernaux: scottmccloud.com
Parc de l'Anse-à-Cartier: Google map
Cardinal rouge: copyright Philippe Collard ocean7.oiseaux.net
Ours noir: espacepourlavie.ca
Réveil: www.conrad.fr