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Les produits forestiers non ligneux

Révisé par: Valérie Saucier

Biologiste et utilisatrice de la nature : pêche, chasse, piégeage, cueillette de petits fruits, végétaux et champignons et amatrice de sirop d'érable récolté en raquettes dans des chaudières; j'aimerais vous faire découvrir des possibilités d'expérimenter la symbiose avec votre propre nature tout en contribuant à la préservation de celle-ci. Rien de tel que la liberté et l'aventure que peut nous faire vivre notre forêt quand on s'y promène pour récolter. Rien de tel que la gratification de consommer notre propre récolte. Rien de tel que de contribuer à préserver des écosystèmes et ainsi faire parti d'un ''projet'' plus grand que soi. Je travaille actuellement à découvrir la biodiversité des champignons hypogés (incluant les truffes) qui sont fort méconnus en forêt boréale de l'est de l'Amérique du Nord.

Si je vous demande de penser à ce qu’est l’exploitation forestière, à prime abord, vous penserez probablement à des troncs d’arbres qui sont coupés pour l’industrie du bois. Est-ce qu’il s’agit de la seule manière d’exploiter cette ressource qu’est la forêt ? Non! Il existe d’autres espèces (ou d’autres morceaux des mêmes espèces) que l’on peut récolter et qui se nomment : les produits forestiers non ligneux (PFNL).

On pourrait logiquement s’attendre à ce que les PFNL soient une catégorie incluant tous les produits de la forêt ne contenant aucune fibre ligneuse (lignine) et que cette catégorie s’oppose aux produits forestiers ligneux, qui en contiennent. En réalité aucune catégorie de produits forestiers ligneux n’existe mais, si elle existait, il s’agirait d’une seule chose : les troncs d’arbres. Tous les autres produits forestiers se retrouvent dans les PFNL qu’ils contiennent de la lignine ou non.

C’est mêlant? Voici quelques exemples pour démystifier. Les PFNL inclus, entre autres :

  • les branches d’arbres pour produire, par exemple, du bois raméal fragmenté ;

  • les sapins de Noël quand vous les achetez pour l’événement et lorsque vous les envoyez au centre de recyclage pour en extraire l’huile;

  • le sirop d’érable;

  • les champignons incluant les truffes;

  • les fruits et les baies sauvages;

  • les noix et graines​;

  • les plantes, médicinale ou non;

  • l’if du Canada extrêmement toxique mais utilisé par les compagnies pharmaceutiques;

  • le gibier, autant la viande, les plumes pour la fabrication de mouches pour la pêche que les fourrures pour les vêtements;

  • les lichens pour produire, par exemple, des bases de teinture.

Par contre, les PFNL n’inclus pas TOUT ce qui n’est pas un tronc d’arbre! Les PFNL ne s’intéressent qu’aux produits pouvant être exploités par l’humain (pour le commerce ou non). Par conséquent, l’humus au sol, les bois pourri, la terre, les rochers, les amas de bryozoaires, les champignons toxiques si aucune utilité n’est connue, les cocons de papillons, les toiles d’araignées et les peaux vides de couleuvres ne font pas partie des PFNL parce qu’ils ne sont pas exploités par l’humain.

Pourquoi est-ce que l’on devrait individuellement s’intéresser aux PFNL ?

  • parce que cela permet d’améliorer votre état de santé physique et mentale : aller dans la forêt récolter des produits biologiques, sans OGM et du terroir est une activité saine, calme ou excitante selon le lieu de récolte, qui permet un lien direct avec la nature. En plus c’est accessible à tous, même aux enfants. Près de chez vous il y a assurément un endroit pour récolter soit des morilles (bordures de forêt en sable), des baies sauvages (bleuets, framboises, mûres ou fraises), du thé du labrador ou pour chasser le petit gibier ou même le plus gros.

  • parce que cela permet de préserver nos milieux naturels : plus il y a «d’utilisateurs» de la forêt et plus il aura de gens qui voudront la préserver et qui pourront rapporter les abus et les actes illégaux (coupes abusives ne respectant pas les bandes riveraines ou le braconnage par exemple).

  • parce que cela permet de réduire notre empreinte écologique : les fruits récoltés en forêt sont des fruits que vous n’achetez pas à l’épicerie, qui n’ont pas nécessité de champs pour pousser et donc pas de déforestation, pas d’épandage de pesticides et pas de transport impliquant des gaz à effet de serre. Même chose pour le gibier, car une perdrix récoltée évite un poulet acheté qui aura vécu dans des conditions en deçà de son milieu naturel, aura nécessité des champs agricoles pour produire son grain et aura été transporté aussi impliquant toujours des gaz à effet de serre.

La nature produira tous ces bons PFNL que vous les récoltiez ou non. Les fruits non récoltés pourriront au sol et les surpopulations animales se régulariseront par de fortes mortalités l’hiver. C’est une activité qui ne coûte pas cher, qui vous permet d’économiser et peut-être même de faire un peu d’argent en vendant des PFNL.

Pourquoi est-ce que l’on devrait collectivement s’intéresser aux PFNL ?

Ils ont une très grande valeur commerciale et sont complètement sous-exploités au profit du commerce de troncs (pour le chauffage, le sciage, le déroulage, les pâtes et papiers et le bois d’ingénierie). Certaines forêts ont une plus grande valeur en PFNL qu’en troncs mais l’industrie n’est pas adaptée à leur récolte, alors on coupe et pour les 15 prochaines années il n’y aura ni tronc ni PFNL à récolter… on aurait pu collectivement beaucoup mieux exploiter notre forêt et, du même coup, protéger sa biodiversité et ses services écosystémiques (pour ne nommer que quelques exemples parmi un très grand nombre : production d’oxygène, rétention de l’eau au sol ce qui réduit les inondations et les sécheresses, régulation de la température et diminution des glissements de terrain).

On aura toujours besoin de bois pour certains usages essentiels mais peut-être que certains usages excentriques tels que la production de bâtons de sucreries glacées ne devrait pas être acceptés quand, pour le faire, on coupe des arbres sains soutenant tout un écosystème. C’est un choix de société mais nous pouvons aussi «voter» en posant un acte individuel qui consiste à utiliser ce que la nature nous offre et ainsi donner une valeur à la forêt autre que celle des troncs abattus.

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